TRANSFIGURATION
Installation : Vidéo 12’45’’, fleurs, sculptures
Plein-feux juillet 2009, Veules-les-roses.
Les oeuvres du collectif GET(res) s’amusent indéniablement à dissimuler ce qui se joue dans la représentation du corps derrière une apparente espièglerie qui ne soulage pas pour autant le spectateur de la sensation. C’est en effet dans l’incarnation - l’Incarnation parfois- là où la figure et le non-figuré se précisent, où le verbe devient chair, que GET(res) aime à poser sa réflexion.
Paradoxalement le corps n’est bien souvent dans leurs vidéos que corpuscule, objet, objet que l’on pourrait qualifier d’objet-personnage en dernier recours mais où le personnage se trouverait détaché de toute individualité, privé de libre-arbitre mais non de sensations ni de réactions. Il est objet de manipulations mécaniques, d’expériences scientifiques telle la pauvre grenouille tressautante sous les impulsions électriques, rat de laboratoire, simple ingrédient parfois mais toujours au centre des intentions esthétiques.
«Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière» Saint Matthieu 17, 1-9.
Dans Transfiguration, encore une fois, le jeu cruel est en marche. Les cobayes sont de nouveau dans l’arène et la catharsis peut faire son office.
Aristote dans Poétique souligne que « nous prenons plaisir à contempler les images les plus exactes de choses dont la vue nous est pénible dans la réalité, comme les formes d'animaux les plus méprisés et des cadavres » et ce plaisir est ici distillé avec ce qu’il faut de justesse et de perversion. Transfiguration n’est pas une apologie du morbide -son propos n’est pas de donner à voir simplement ce par quoi nous passerons tous tôt ou tard- mais bel et bien le récit de l’illusoire, grotesque et tragique, merveilleux et monstrueux, malin et divin... Car si plaisir il y a, il ne peut être détaché du factice et de la supercherie de la représentation, plaisir moderne de l’image, et abîmé délicatement par nos propres contorsions dans nos tentatives d’apparaître au monde.
Mettre en scène sa propre mort n’est pas plus vaniteux que de vouloir ressembler à celui que l’on pense être. Ces deux postures sont pour le moins risibles, a fortiori désespérées.
Ces icônes que l’on brûle, ces Dieux que l’on expose, ne sont peut être que la matérialisation de ce que l’humain demande à embrasser: la promesse d’un salut dans l’expiation de son mensonge.